Bruxelles : plan emploi ambitieux mais incertain

Emploi

11/9/2025

À l’approche de l’entrée en vigueur de la réforme fédérale sur les allocations de chômage, le ministre bruxellois de l’Emploi Bernard Clerfayt a dévoilé 7 mesures pour accompagner les chercheurs d’emploi. Ambition affichée, volonté de coordination pour une remise à l’emploi rapide… mais aussi un manque de clarté, de moyens (financiers et humains) et donc d’efficience du dispositif, en particulier pour les publics les plus éloignés du marché du travail. Entre opportunité et zones d’ombre, UCM pose donc un regard critique (mais constructif) sur le dispositif proposé.

A Bruxelles, former, c’est recruter

Face à la pénurie de main-d’œuvre, la formation doit devenir l’outil numéro un de la réinsertion.

Le plan présenté par le ministre de l’Emploi bruxellois Bernard Clerfayt va dans ce sens : bilans de compétences généralisés, filières courtes renforcées. Mais une réalité s’impose : l’offre actuelle de formation ne colle pas aux besoins des entreprises. UCM l’a, à nouveau, dénoncé sur BX1.

UCM demande donc du concret : une enquête annuelle « Besoins de Main d’œuvre » auprès des employeurs pour identifier leurs recrutements à venir, mais aussi adapter l’offre de formation et les dispositifs de soutien en conséquence.

Et une question brûle les lèvres : le système est-il capable d’accueillir et de financer massivement des stagiaires peu qualifiés ? Sans réponse, tout le reste n’est qu’incantation.

Activer vite, activer bien

UCM salue les mesures qui vont vers une activation plus rapide, plus ciblée et plus exigeante des chercheurs d’emploi. C’est la clé pour éviter la précarité et assurer un retour à l’emploi durable.

Un accompagnement précoce, c’est l’assurance d’orienter sans perdre de temps. Un contrôle rigoureux, c’est la garantie d’un engagement réel dans le parcours d’insertion.

Mais attention : la vitesse ne doit pas rimer avec superficialité. Si l’accompagnement devient inefficace, l’objectif sera manqué… et les PME ne suivront plus.

Des procédures administratives toujours complexes

La simplification du contrôle de la disponibilité est également annoncée comme une priorité, mais la réforme conserve des étapes multiples (analyse sur dossier, entretien individuel, collège des trois évaluateurs en cas de recours). Le risque est que la lourdeur administrative persiste, au détriment de la réactivité et de l’efficacité promises.

Aides à l’emploi : où est l’ambition ?

Le plan se contente d’adapter les dispositifs existants, bientôt dépassés par la réforme du chômage. Trop peu, trop timide. UCM rappelle que les aides à l’emploi sont vitales pour inciter les PME à recruter, en particulier des profils peu qualifiés. Sans mesures fortes, pas de résultats.

Pas de succès sans engagement collectif

La Table ronde régionale pour l’Emploi va dans le bon sens, mais la multiplicité des acteurs (Actiris, Bruxelles Formation, CPAS, VDAB…) et la diversité des statuts compliquent tout. À force de complexité, la stratégie risque de rester bloquée dans les tuyaux au lieu de répondre à l’urgence. UCM appelle à ce que ces acteurs, en collaboration avec les partenaires sociaux, dépassent les blocages structurels pour agir vite et ajuster sans tarder.

Financement : flou total

Créer des places de formation (on parle de 4.000 EUR par place), renforcer l’accompagnement, soutenir les CPAS… Tout cela coûte cher. Mais qui paie ? Combien ? Et pour combien de temps ? Le plan ne dit rien ou très peu. Or, vu l’état des finances régionales à Bruxelles, la question n’est pas secondaire.

Et la concertation sociale dans tout ça ?

Le plan a été présenté sans validation des Comités de gestion d’Actiris et de Bruxelles Formation, donc sans l’avis des partenaires sociaux. Erreur majeure. La concertation est la seule garantie que les réformes répondent aux besoins du terrain et obtiennent l’adhésion des entreprises.

Les PME sont prêtes à jouer le jeu et à ouvrir leurs portes

Mais la réussite du plan dépend d’une condition claire : que les réformes s’ancrent dans la réalité du terrain et répondent vraiment aux besoins des entreprises qui vont engager ces demandeurs d’emploi.

Julie Lambotte

Pour ucmvoice.be

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